jeudi 30 décembre 2010

INTRODUCTION

Berlin au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale
 Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne se retrouve découpée en quatre zones d'occupation :
-une zone soviétique
-une zone britannique
- une zone américaine
- une zone française,
Conformément à l'accord conclu entre les Alliés vainqueurs en février 1945 à Yalta.





Berlin se retrouve également divisée en quatre, mais l'armée soviétique laisse aux Occidentaux l'ensemble de la zone Ouest de la capitale. 

Le secteur Est de la ville de Berlin représente 409 km2, soit 45,6% de la superficie de la ville. La capitale allemande devient très vite un enjeu majeur de la Guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités le 8 mai 1945.

·         Le 19 mars 1948, en suspendant sa participation au Conseil de contrôle allié et du commandement Interallié, l'Union soviétique rompt la coopération avec les forces alliées occupantes. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin, entravant tout transit entre l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest, qui survivra grâce au pont aérien mis en place par les Etats-Unis.

·         En 1949 est créée la République Fédérale d'Allemagne (RFA), regroupant les zones américaines, britanniques et françaises. Peu de temps après, l'Union soviétique crée la République Démocratique d'Allemagne (RDA), formalisant la séparation de Berlin en deux entités distinctes, même si la ville reste officiellement une zone démilitarisée. Le 27 novembre 1958, le premier secrétaire du parti communiste soviétique Nikita Khrouchtchev, lance un ultimatum aux trois autres puissances occupantes dans lequel il réclame un nouveau statut pour la ville de Berlin.

1961 : la construction du Mur de Berlin
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, la pose de grillage et de barbelés tout autour de Berlin-Ouest marque le début du processus d'édification du Mur de Berlin, projet secret du gouvernement est-allemand. 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux Berlin sont interrompus. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin.
Durant toute la nuit, sur ordre du Parti Communiste et sous surveillance policière, des maçons vont empiler les parpaings qui sépareront la capitale allemande pendant plus de 28 ans.
Le principal objectif des Soviétiques est de stopper le flot d'émigration croissant vers la RFA que subit la RDA depuis sa création en 1949.

En effet, de 1949 à 1961 entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA pour se rendre à l'Ouest, privant de ce fait l'Allemagne de l'Est d'une main-d'œuvre importante. La majeure partie de ces migrants passe par Berlin, où les contrôles à la frontière sont beaucoup moins efficaces que dans les zones rurales.
Ainsi, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro ou le chemin de fer berlinois pour passer d'Est en Ouest, ce que font quotidiennement les Berlinois pour aller travailler. De plus, Berlin représente à l'époque une porte d'entrée vers l'Ouest facile d'accès pour les Tchèques ou les Polonais.
Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille attentivement la frontière afin d'empêcher ceux que le régime nomme "les déserteurs de la République" de passer à l'Ouest.

La construction du Mur va être une réaction à l'effondrement économique de la RDA. En effet, comme tout pays communiste, cette dernière s'est vue imposer par Moscou une économie planifiée : le plan septennal (1959-1965) est un échec dès le début, la production industrielle augmentant moins vite que prévu et la collectivisation des terres agricoles entraînant une baisse de la production
et une pénurie alimentaire.

L’ancien poste frontière Friedrichstraße, appelé "Checkpoint Charlie", devient à partir de 1961 le point de passage pour les membres des forces alliées américaines, britanniques et françaises stationnées à Berlin et désirant se rendre à Berlin-Est. Ce poste frontière doit son appellation à l’alphabet radiophonique international (utilisé par l’OTAN). Les membres des forces alliées stationnées en Allemagne disposaient de trois points de passage pour rejoindre le centre de Berlin: le Checkpoint A (Alpha) à Helmstedt, qui était le point de passage de RFA en RDA, le Checkpoint B (Bravo) à Drewitz, qui était le poste de passage de RDA à Berlin-Ouest, et, enfin, le Checkpoint C (Charlie), le poste frontière pour le transit de Berlin-Ouest à Berlin-Est.


La déclaration du sommet des membres Pacte de Varsovie, suite à la rencontre Walter Ulbricht, président du Conseil d'Etat de la RDA, et Nikita Khrouchtchev en 1961 propose ainsi de " contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d'assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace".Le dimanche 13 août, des barbelés et des barrières provisoires sont déployés à la frontière berlinoise entre les secteurs d’occupation Est et Ouest. Les jours suivants, les barbelés sont remplacés par un mur en pierres de taille importante, sous l’étroite surveillance des gardes-frontières de RDA. Les portes et fenêtres des façades d’immeubles sont murées et intégrées dans le dispositif de séparation des deux moitiés de la ville.
Le jour même Konrad Adenauer, chancelier de la RFA, appelle la population à rester calme. Pour autant, la réaction des Alliés n'est pas immédiate et seul le maire de Berlin, Willy Brandt, proteste énergiquement. La première manifestation devant le Mur a lieu le 16 août et réunit 300 000 personnes autour du maire.

Les réactions à l'Ouest, qui se font attendre, apparaissent ambigües. Les Alliés français et anglais considèrent que la construction du mur est le fait de l'URSS. Du côté des Etats-Unis, alors que le secrétaire d'État américain Dean Rusk condamne fermement la restriction de liberté de circulation des Berlinois, le président John Fitzgerald Kennedy, s'il assure à la ville de Berlin tout son soutien, considère cependant que l'option prise par la RDA est "préférable à une guerre".

La première vraie confrontation entre Américains et Soviétiques n'aura lieu que le 27 octobre de la même année, au Checkpoint Charlie, point de contrôle américain entre Berlin-Ouest et Berlin-Est : des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique, ignorant le droit de libre-circulation dans l’ensemble de la ville des forces d’occupation. Pendant trois jours, dix chars américains et dix soviétiques se postent de part et d'autre du mur. L'affaire se finit par un retrait des chars, aucune des deux parties ne voulant enclencher une escalade qui risquerait de se terminer en guerre nucléaire.


 1961-1989 : la vie de chaque côté du mur

Le 26 juin 1963, lors d'un voyage en Europe, John Fitzgerald prononce à Berlin-Ouest un de ses plus célèbres discours, dans lequel il déclare "Ich bin ein Berliner" ("je suis un Berlinois").
 Le président américain entend par cette phrase assurer le soutien des Etats-Unis aux Allemands de l’Ouest et notamment aux Berlinois.
La construction du Mur de Berlin va changer pour plusieurs années le visage de la capitale allemande. Et la circulation entre Berlin-Ouest et Berlin-Est va devenir peu à peu tout à fait impossible.
Dès le 13 août 1961, 69 des 81 points de passage existants sont fermés. Le 14 août, c'est la porte de Brandebourg qui est à son tour fermée, suivie de 14 autres points de passage.

Le mur intra-urbain, qui sépare Berlin-Ouest de Berlin-Est a atteint au final une longueur totale de 43,1 kilomètres. La partie du dispositif qui séparait Berlin-Est de Berlin-Ouest comprenait 111,9 kilomètres.
Au delà des répercutions politiques de la construction du mur, qui devient dès 1961 le symbole de la Guerre froide dans le monde entier, c'est la vie de toute une population qui va être bouleversée : 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est, et ce sont également des milliers de familles qui sont séparées pendant plus de vingt ans.
Les "deux Allemagnes" (RDA et RFA), à l'image des deux parties de la capitale, vont connaître une évolution bien différente. Ainsi alors que Berlin-Ouest se modernise avec la construction de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz, Berlin-Est perd peu à peu de son animation. Sur le plan architectural, culturel, culinaire etc., un gouffre se creuse entre l'Est et l'Ouest.
La population allemande, et notamment berlinoise, souffre beaucoup de la séparation familiale que représente le Mur. Ainsi, ils seront nombreux à tenter de le traverser, et souvent à leurs risques et périls.
Ainsi, selon les recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs "Collectif du 13 août",  1 135 personnes sont mortes en essayant de passer illégalement le Mur, même si le nombre exact de victimes est difficile à évaluer du fait du silence de la RDA sur ce sujet.
Chris Gueffroy est enfin la dernière victime du Mur, le 5 février 1989.
75 000 hommes et femmes furent condamnés à jusqu'à deux ans de prison en tant que "déserteurs de la république". La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières, était armé, soldat ou détenteur de secrets.

Un premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé le 17 décembre 1963. Il permet, du 19 décembre 1963 au 5 janvier 1964, à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents.
D’autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix.
Au début des années 1970, l'Ostpolitik, politique de rapprochement entre la RDA et la RFA menée par Willy Brandt et Erich Honecker rend la frontière entre les deux pays plus perméable. La RDA simplifie notamment les autorisations de voyage, en particulier pour les retraités, et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières.
                                                              









 9 novembre 1989 : le Mur tombe

L'année 1989 marque un tournant à l'Est, dans les états satellites de l'URSS. En effet, alors que les soviétiques se retirent d'Afghanistan sans victoire, la Hongrie ouvre son Rideau de fer et la Pologne, en nommant à sa tête Tadeusz Mazowiecki, membre du syndicat Solidarnosc, s'achemine vers la démocratie.

Ce mouvement semble cependant ne pas atteindre l'Allemagne divisée. Durant l'été 1989, sous le prétexte de partir en vacances en Hongrie, 25 000 Allemands de l'Est rejoignent la RFA en profitant des frontières ouvertes en Hongrie et en Tchécoslovaquie.

En RDA, l'opposition au régime prend de l'ampleur, notamment à travers de nombreuses manifestations comme le 2 octobre à Leipzig, où 20 000 personnes descendent dans la rue.

Le 7 octobre, de passage à Berlin-Est pour le quarantième anniversaire de la création de la RDA, le président de l'Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev indique aux dirigeants de la RDA que le recours à la répression armée est exclue.

Or, il semble que ce qui a précipité la chute du Mur soit une erreur, une déclaration prématurée d'un membre du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), parti politique de la RDA. En effet, le 9 novembre Günter Schabowski accorde une conférence de presse retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute.

Lors de cette conférence, il déclare : "Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA."
Cette disposition est extraite d'un projet de décision du conseil des ministres qui n'a pas encore été approuvé et qui ne devait être communiqué que le lendemain. Diffusée dans de nombreux médias allemands, la nouvelle amène plusieurs milliers de Berlinois à se presser au postes-frontières situés le long du mur.

C'est ainsi que, sans ordre concret des autorités et sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert peu après 23h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA, marquant la chute du Mur de Berlin, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989. Cet événement reste marqué dans l'histoire allemande sous le nom de "die Wende" (le tournant).

Dès le 9 novembre, les Berlinois entament la destruction du Mur. Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en URSS, vient encourager les démolisseurs en jouant du violoncelle au pied du Mur. La photographie de cet événement deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la chute du bloc communiste en Europe.


L'événement fait la Une de la presse internationale et les réactions se multiplient. Face au gouffre économique qui sépare les deux Allemagnes, Helmut Kohl, Chancelier de la RFA, annonce dès le 28 novembre 1989 un plan en dix points visant la réunification. Ainsi, le 12 septembre 1990, moins d'un an après la chute du Mur de Berlin est signé le Traité de Moscou qui rend sa pleine souveraineté à l’Allemagne, et le 3 octobre de la même année, les deux Allemagnes (RFA et RDA) sont officiellement réunifiées.

Mais les conséquences de la chute du Mur dépassent largement les frontières allemandes. Elle entraîne en effet le démantèlement de l’empire soviétique. Ainsi, à Prague, la Révolution de Velours (17-18 novembre 1989) met fin au communisme. En Bulgarie, le stalinien Todor Jivkov doit accepter son remplacement par un communiste plus ouvert, Petar Mladenov. En Roumanie, Ceausescu est éliminé plus violemment en 1989. En Union soviétique, les États baltes proclament leur indépendance en mars et mai 1990.

mercredi 29 décembre 2010

Une reconstitution 3D du mur de Berlin


Problématique et plan:

Ici, la question est :
« La chute du Mur de Berlin a-t-elle eue de réelles conséquences socio-culturelles ? »
nous y répondrons par :

I.                   Un territoire, deux histoires : la rencontre des peuples allemands.
II.                 Au-delà de l’euphorie de la chute du Mur, la perspective d’un réel essor culturel.
       c)      Les jeunes s’ouvrent sur le monde
III.              "Ostalgie", influences et commémorations de la chute du Mur.